sujet 2008 UE5 UP1

Publié le par Marie Hélène

U.E.5 : Eduquer, enseigner, former

 

U.P. 1 : LES GRANDS MODELES ET LEURS METHODES

 

SUJET DE L’EPREUVE ECRITE 2008
            SUJET 1

 

 

Extrait de Mireille CIFALI, 1994, 3ème édition 1998, Le lien éducatif : contre-jour pschanalytique, PUF, pp 62-63

 

 

« (…) Si le discours de l’amour a pris le pas sur celui de la punition, certains regrettent amèrement de voir la sanction désavouée, et ne s’en privent pas.

De l’émergence de nos sciences humaines et de leur diffusion, l’explication rationnelle est un des autres moyens entrevus qui pourraient s’énoncer comme suit : « Il faut faire prendre conscience à un enfant pourquoi tel ou tel comportement est mauvais et doit être remplacé. » On l’interroge, lui fait comprendre le fondement de notre exigence. On le « conscientise », en appelle à son discernement. Sa paresse, son « je m’en foutisme », son inattention, son chapardage, sa violence et bien d’autres défauts répertoriés depuis la nuit des temps ne sont pas raisonnables. A la contrainte, on substitue l’explication. On espère que le fautif se ralliera à nos arguments, quittera sa position problématique. Un enfant en difficulté attire dès lors non seulement le regard des adultes mais il déclenche surtout leurs questions : la kyrielle de leurs « pourquoi ». Pourquoi ce comportement, ce retard, ces mensonges, ces cachotteries, dis-moi pourquoi ? Il doit répondre, on l’y oblige. S’il se tait, c’est de l’arrogance. Il ne peut même pas dire qu’il ne sait pas puisque l’adulte, qui l’interroge, suppose qu’il connaît la réponse : il serait pris en faute de non-savoir. Alors il invente, il rationalise, il avance n’importe quoi. Il ne peut décevoir l’adulte qui exige un motif, une justification. L’interrogatoire vient à la place du dialogue. Il fait intrusion dans l’intimité de l’enfant. Si on inversait les rôles, on sait bien qu’on ne chercherait qu’à fuir et qu’on trouverait rarement pour soi-même d’explications à ses comportements bizarres.

Reste alors la volonté, inamovible support de la transformation. L’expérience psychanalytique a rendu caduque la représentation d’un sujet conscient, que son intelligence rendrait maître de ses actes. Pourtant cette image persiste lorsqu’on croit pouvoir obtenir de quiconque qu’il évolue, en faisant appel à sa volition, à sa bonne volonté, en l’y exhortant ou même en lui ordonnant : « Tu devrais, tu ne devrais pas, tu pourras, il te faut. » Le recours à la volonté – une relique de croyances thérapeutiques antérieures à la psychanalyse – a la vie dure. Aujourd’hui encore, c’est la ressource première lorsqu’on amorce une relation d’aide.

 

 

 

Après avoir analysé ce texte en écho avec les théories disciplinaires que vous connaissez, vous vous appuierez sur l’observation de vos pratiques professionnelles pour le commenter.

 

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article